Le score de l’UDC ne blanchit pas son discours haineux : un front progressiste plus nécessaire que jamais

La progression électorale de l'UDC de ce dimanche ne doit en aucun cas banaliser le racisme, l'incitation à la haine et les liaisons avec l'extrême droite dont elle a fait preuve au cours de la campagne. L'UDC devient de plus en plus extrémiste. Elle bafoue plusieurs principes fondamentaux de la démocratie libérale qui devraient être partagés par tous les partis. Or, le populisme de droite devient vraiment dangereux lorsque les autres partis adoptent ses revendications et s'en rapprochent au lieu de s'en distancier clairement. Une coalition pour une Suisse responsable, ouverte et progressiste est nécessaire de toute urgence.

Malgré une campagne électorale aux relents racistes et un style politique de plus en plus extrémiste, l'UDC progresse aujourd'hui nettement dans les urnes. Cela nous inquiète. Non pas parce que le parti a désormais quelques sièges de plus au Parlement et qu'il peut bloquer encore plus les progrès, mais parce que le danger pour une Suisse libérale et humaniste est que la politique raciste et incendiaire de la droite se banalise davantage.

Pas de normalisation

Il ne doit pas devenir normal de traiter les personnes queer de malades, de laisser des militants d'extrême droite gérer des comptes de campagne sur les réseaux sociaux ou de poser avec eux pour une photo au Palais fédéral en tant que président du plus grand parti de Suisse.

En 2011, l'UDC écrivait "des Kosovars poignardent des Suisses!" sur une affiche. Le tollé avait été général. Aujourd'hui, l'UDC abuse à nouveau des rapports de police en présentant systématiquement les cas isolés comme la norme. Le tollé ne vient pas. Nous nous sommes simplement habitués à la banalisation du racisme. Et cela pourrait être encore pire : car pour produire le même effet, le parti aura besoin d'attaques toujours plus violentes et d'images choc.

Nous refusons de nous habituer aux incitations à la haine de l'UDC. Cette normalisation déplace le discours et donne dangereusement des ailes au populisme de droite dans de nombreux pays européens.

Pas de rapprochement avec l'UDC

Le résultat des élections d'aujourd'hui doit également être analysé dans le contexte paneuropéen. L'UDC a été l’un des principaux précurseurs du populisme de droite et fait office de modèle pour de nombreux partis populistes et extrémistes en particulier pour l’AfD allemande. Aujourd'hui, l’extrême droite progresse dans plusieurs pays européens et l'évolution en Allemagne est particulièrement inquiétante. Et au centre de tout cela : l'UDC.

Les populistes de droite deviennent vraiment dangereux lorsque d'autres partis reprennent leurs revendications. Et c'est déjà le cas en Suisse. La plus grande erreur après ces élections serait que les partis bourgeois se rapprochent encore plus de l'UDC. En revanche, si l'on traite l'UDC pour ce qu'elle est - un outsider extrémiste - elle restera minoritaire, même avec près de 30% de l'électorat. Pour le libéralisme suisse, il serait important de se démarquer de l'UDC. Derrière une façade bourgeoise se cache un parti populiste voire extrémiste.

Une coalition pour une Suisse ouverte et progressiste

Par son hégémonie discursive, l’UDC parvient déjà à faire en sorte que des dossiers politiques cruciaux, tels que la politique européenne, restent au point mort. Pour ne pas laisser ce leadership à l'extrême droite, il s’impose de défendre et d’étendre nos droits et nos libertés. Il faut notamment aborder des questions fondamentales telles que l'Europe et les conditions d’accès aux droits politiques.

Une coalition pour une Suisse responsable, ouverte et progressiste est nécessaire de toute urgence, malgré les divergences de fond qui peuvent exister sur certains sujets. Pour contrer des attaques telles que les initiatives UDC contre l’immigration (encore et encore), pour l’abattement du service public audiovisuel ou pour la "neutralité", la Suisse a besoin d'une coalition progressiste forte pour défendre les acquis du libéralisme humaniste. Celle-ci est possible malgré la progression électorale de l'UDC, notamment si les partis bourgeois renoncent à leur alliance avec l'UDC.

Opération Libero : "Maintenant plus que jamais”

En tant que mouvement qui défend les droits fondamentaux et qui combat le populisme de droite par une démarche libérale, Opération Libero considère que maintenant son engagement est plus nécessaire que jamais. Nous continuerons à repousser les attaques contre les acquis de notre démocratie libérale. Et allons un peu plus loin : nous voulons en même temps faire avancer la Suisse avec nos propres initiatives et promouvoir notre vision d'une Suisse progressiste.

Nous œuvrons à la mise en place d'une large alliance pour sortir de l’impasse de la politique européenne par le biais d'une initiative populaire en ancrant ses objectifs de manière contraignante dans la Constitution fédérale. Onze organisations ont déjà apporté leur soutien à l’Initiative Europe.

Depuis le mois de mai, nous récoltons également des signatures pour l'initiative pour la démocratie, qui s'attaque à un défi fondamental pour la démocratie libérale, notamment dans le contexte des élections : la Suisse exclut actuellement environ un quart de la population résidente permanente du processus de décision politique et de l'égalité des droits politiques. L’inclusion de ces concitoyennes et concitoyens dans le processus démocratique est indispensable pour que la Suisse puisse être une démocratie digne de ce nom.