Rapport annuel 2022
Mot de bienvenue de la coprésidence
Une année savoureuse !
L'année 2022 peut difficilement être considérée comme une bonne année d'un point de vue politique. Dans le monde, elle fut marquée par la guerre d'agression russe contre l'Ukraine ou par la répression brutale des soulèvements en Iran. Et en Suisse, notre politique européenne ne pourrait pas être plus bloquée. Une année politique à oublier donc ? Pas tout à fait ! Grâce à vous, nous avons pu agir là où cela était nécessaire.
Nous avons travaillé d’arrache-pied sur deux initiatives populaires. L’une pour une politique européenne suisse digne de ce nom et l’autre pour une citoyenneté moderne. La collecte de signatures pour cette deuxième initiative débutera ce printemps !
A propos d'initiatives : en 2022, nous avons soutenu la collecte de signatures pour l'initiative sur l'imposition individuelle. Nous nous sommes également engagé·es en faveur d’un droit pénal en matière sexuelle digne du XXIe siècle. Et lorsque le dimanche de votation de novembre a été annulé, nous avons envoyé notre propre fascicule de vote. Car il reste beaucoup à faire en faveur d’une société ouverte et progressiste, libérale et juste, dans laquelle chaque être humain peut s’épanouir librement et bénéficier des mêmes droits.
Un coup d’œil sur notre rapport annuel montre que l’année a été mouvementée ! En cette année électorale 2023, nous continuerons à nous engager là où cela est nécessaire. Nous ferons bouger les lignes là où une voix forte, progressiste, combative et non partisane est nécessaire. Nous ne pouvons faire tout cela que grâce à vous. Ensemble, nous faisons la différence !
Merci beaucoup pour votre engagement en faveur de la Suisse de demain.
Sanija et Stefan
Faits et chiffres 2022 : quelques chiffres d'une année mouvementée
Thèmes et Campagnes
Ce que nous avons fait bouger en 2022
Quelle année mouvementée ! Une année de contrastes, de blocages et de mouvements, d’hostilités et d’efforts de paix, de droits individuels et de romantisme national insensé, de frustration et de joie. Là où le bât blesse, il faut réagir. Nous ne nous contentons pas de l’écrire sur notre bannière, nous allons véritablement de l’avant. D’une brochure de vote rose à Schengen, pour le maintien duquel nous nous engageons avec un « OUI » très critique à la participation de la Suisse à Frontex, en passant par l’imposition individuelle pour laquelle nous participons à la collecte de signatures. Nous sommes ici pour faire évoluer le pays, et adopter une position forte, progressiste, combative et non partisane. En bref, nous nous battons ensemble pour une Suisse qui a de l’avenir. Année après année et avec tout ce que cela implique.
Avec notre brochure explicative rose, nous avons pu porter nos idées progressistes dans plus de 70 000 ménages suisses. Lors d’un dimanche de votation qui n’en était pas un, mais qui aurait pu en être un. Merci !
En Suisse, un quart de la population est exclu du processus de décision politique. Notre pétition pour la naturalisation facilitée de la deuxième génération veut aider à faire passer une motion au Parlement. Parce qu’ils et elles sont suisse·sses.
Le genre, l’orientation sexuelle et l’origine ne doivent pas contribuer à déterminer nos opportunités. L’obtention du Swiss Diversity Award en septembre est pour nous, en tant que mouvement politique, une motivation supplémentaire à nous engager en faveur de l’égalité des chances. Pour l’égalité.
Cette année, notre équipe thématique sur la numérisation a travaillé sur pas moins de trois consultations afin de mettre en garde contre la concentration du pouvoir étatique et l’affaiblissement des libertés individuelles. Parmi les risques identifiés : les services secrets devraient avoir beaucoup plus de pouvoir, avec des limites floues et un développement de la surveillance. Nous disons non à l’érosion des droits fondamentaux.
Nous veillons à ce que le grand éléphant dans la pièce - la politique européenne de la Suisse - ne soit plus ignoré. Depuis plus d’un an, nous travaillons intensément sur l’Initiative Europe : nous avons réuni des allié·es motivé·es et élaboré un texte d’initiative percutant. Un financement participatif doit maintenant en permettre le lancement.
La guerre d’agression de Poutine met à l’épreuve des acquis démocratiques essentiels tels que la paix, la liberté, l’État de droit et les droits humains. Il est d’autant plus important qu’en Suisse aussi, où l’UDC empoisonne le discours sur l’Europe depuis des décennies, nous promouvons l’Europe comme projet de paix et de liberté. Pour la paix. Pour la liberté.
L’AG 2022 fut un véritable happening. Après deux ans de Zoom, nous avons enfin pu ressentir notre mouvement en direct. Lors de l’assemblée générale au Neubad de Lucerne, nous avons dévoilé l’Europafanten, nos membres ont donné leur feu vert à l’Initiative Europe, Barbara Bass et Roger de Weck ont convaincu avec des discours combatifs. Nous nous réjouissons de la prochaine AG.
Après la guerre d’agression de Poutine, le Conseil fédéral a voulu, dans un premier temps, faire cavalier seul à bien des égards. Dans un appel, nous avons fait pression sur le Conseil fédéral afin qu’il active le statut de protection S. Après la décision, nous demandons au Conseil fédéral de veiller, en plus d’un accueil rapide et d’une protection complète, à ce que tous·tes les exilé·es aient des perspectives à long terme en Suisse. Cette exigence reste valable, et ce pour toutes les personnes en fuite.
L’imposition individuelle fait avancer l’égalité entre hommes et femmes, crée l’égalité des chances et rend le système fiscal suisse plus juste. Nous avons participé à la récolte de signatures et voulons contribuer à faire du principe suivant une réalité : une personne, une déclaration d’impôt.
Changement d’époque dans le droit pénal en matière sexuelle : début décembre, le Conseil national s’est prononcé par 99 voix contre 88 en faveur de la solution du consentement « OUI c’est OUI ». Notre pression est efficace : nous avons réuni des politicien·nes de toutes les couleurs politiques avec notre réveil XXL, nous avons remis plus de 41 000 signatures en collaboration avec Amnesty International et nous avons sensibilisé les médias sociaux à la solution du consentement. Prochaine étape : convaincre le Conseil des États !
Les relations entre la Suisse et l’Union européenne - notre principal partenaire - sont en pleine glaciation : la coopération en matière de culture, de recherche et d’éducation est gelée, la Suisse perd l’accès à des marchés importants, les négociations sont suspendues. Pour lancer un financement participatif en faveur de notre projet d’initiative, nous avons installé un énorme bloc de glace sur la Place fédérale. Voulez-vous faire fondre la glace avec nous ?
Notre communauté de bénévoles et de personnes de soutien fait de nous ce que nous sommes : un mouvement. En 2022 aussi, de nombreux membres et bénévoles ont rendu possible notre engagement pour une société ouverte et progressiste, libérale et juste. Nous avons célébré cela lors de notre fête d’été à Bâle. Vous aussi, vous voulez devenir actif·ve ?
Un paysage médiatique fort et équilibré est central pour le maintien et le développement de la démocratie libérale. C'est pourquoi nous avons dit OUI au paquet médias en février 2022 - malgré des réserves. Mais les attaques contre le quatrième pouvoir ne s’arrêtent pas là, car la collecte de fonds pour la prochaine initiative No Bilag est déjà en cours. Nous sommes dans les starting-blocks et continuerons à nous engager pour un quatrième pouvoir fort.
Depuis novembre, l’UDC et Pro Suisse récoltent des fonds pour leur initiative sur le réduit national (aussi appelée initiative sur la neutralité). Des sanctions contre les oligarques russes ou le régime des mollahs iraniens? Cela ne serait plus possible ! Nous prenons position contre cette initiative dangereuse. La neutralité ne consiste pas à fermer les yeux pendant que le monde brûle.
En Suisse, les réformes sont bloquées. Au Parlement, les groupes d’intérêts particuliers dominent, les grandes associations économiques, les associations de paysans. Rien n’avance. Nous regardons la politique institutionnelle de près et agissons là où le bât blesse. Nous disons tout haut ce que les autres ne disent pas. Nous ne sommes pas en campagne électorale permanente. Nous avons fait des pieds et des mains au Conseil fédéral et au Parlement.
Que ce soit avec Blocher, Calmy-Rey et Burkart sur la neutralité suisse, avec Easyvote sur la participation politique des jeunes ou contre Rimoldi dans une école professionnelle : cette année, nous avons participé à de nombreux débats et défendu la cause progressiste dans l’arène politique.
Plus une personne est virulente, plus elle semble susceptible lorsqu’on lui tend un miroir. Hans-Ueli Vogt s’est montré très critique à l’égard de la déclaration de Sanija Ameti sur la SRF, selon laquelle elle ne pourrait probablement pas boire à la santé d’un des deux candidats UDC au Conseil fédéral. La Suisse boit la politique populiste de l’UDC depuis trente ans. Pas nous.
Il n’y a pas qu’en droit pénal sexuel que le #mybodymychoice doit s'appliquer. La décision de la Cour suprême des États-Unis a montré que le droit à l’avortement doit être constamment défendu. En Suisse aussi, des cercles proches de l’UDC récoltent déjà des signatures pour deux initiatives visant à restreindre le droit à l’avortement. Une initiative radicale qui s’inspire du modèle texan devrait suivre. Nous nous battons pour #mybodymychoice.
Au printemps, nous nous sommes engagé·es pour un OUI critique et revendicatif au maintien de la Suisse dans Schengen. Ce OUI a été un nouvel engagement clair en faveur de la coopération européenne. Mais il n’y a pas lieu de se réjouir : la Suisse doit assumer ses responsabilités et s’engager pour un changement structurel fondamental dans la politique migratoire européenne qui méprise l’être humain. Ce changement de paradigme nécessite du temps, des compromis, de la persévérance et de la pression. La migration doit être autorisée par principe et ne doit être interdite que dans des cas exceptionnels.
En vue des élections de 2023, de nouvelles règles s’appliquent en Suisse en matière de financement politique. Ainsi, la Suisse connaît enfin des règles idoines. Nous allons de l’avant depuis toujours et actualisons en permanence nos chiffres-clés financiers des campagnes en cours. Cf. les chiffres-clés financiers.
Pour que notre mouvement politique reste indépendant et fort, nous avons besoin du soutien financier du plus grand nombre. En tant que mouvement financé par des dons, nous ne pouvons réaliser une Suisse plus progressiste, plus inclusive et plus ouverte qu’avec l’aide de nos membres de soutien actifs. Cette année encore, nous avons reçu beaucoup de soutien, merci !
Le Conseil fédéral veut continuer à obliger tout le monde à être officiellement enregistré comme « féminin » ou « masculin ». Nous demandons la reconnaissance juridique de la diversité des genres : le Conseil fédéral doit permettre le choix d’autres genres et la renonciation à l’inscription du genre. Nous montrons au Conseil fédéral à quoi ressemble la réalité sociale : diversité.
En 2023, il y aura à nouveau des élections nationales. Nous voulons des élections progressistes : il faut aller de l’avant, pas revenir en arrière. Le changement est une chance pour notre pays. Les thèmes centraux ne doivent plus être ignorés ou freinés. Restez à l’écoute, vous nous entendrez !
Dans notre boîte aux lettres électronique, sur les médias sociaux, par courrier et aussi via des médias comme la Weltwoche, nous sommes exposé·es à beaucoup de haine. Nous nous défendons. Cela implique aussi de dénoncer la xénophobie et le racisme de Christoph Mörgeli à l’égard de notre coprésidente Sanija.
« You only live once ». La vie est précieuse et courte, c'est pourquoi nous nous engageons pour des thèmes qui nous tiennent à cœur. Nous nous battons pour une société ouverte et progressiste, libérale et juste, dans laquelle chaque être humain peut s’épanouir librement et est égal en dignité et en droits. Nous nous battons pour une Suisse qui a de l’avenir.
Que ce soit sur la SRF dans Arena, dans le quotidien Tages-Anzeiger, chez Watson, à la RTS ou dans Le Temps : en 2022, nous avons apporté un vent de fraîcheur dans le paysage médiatique et politique suisse. Nous avons été précis·es sur le fond, durs sur la forme, impertinents et clairs dans notre expression, poli·es dans nos relations. Vous continuerez à nous lire, à nous entendre et à nous voir en 2023.
Europe
Politique européenne de la Suisse : l’éléphant dans la pièce
Au printemps 2021, le Conseil fédéral a enterré l’accord-cadre avec l’Union européenne après des années de négociations. Un an plus tard, le 26 mai 2022, nous avons marqué cet anniversaire par une annonce commémorative dans la NZZ.
Un bref moment de réflexion préalable avant de s’y mettre. Le temps d’un débat de fond sur la politique européenne en Suisse était plus que venu. Mais personne ne faisait rien. C’est pourquoi nous avons pris la situation en main et posé les bases de notre initiative européenne lors de l’assemblée générale de mars. Les Liberas et les Liberos l’ont adoptée à l’unanimité avec un tonitruant « Hell yes ! ». Nous lançons une initiative et mettons la pression sur le monde politique, car personne ne veut s’attaquer à l’éléphant dans la pièce.
Nous avons ensuite placé l’éléphant devant le Palais fédéral en guise de symbole et avons montré - sous le slogan Politique européenne : ne pas y toucher - ce qui ne va pas dans le dossier européen. Nous avons fait une tournée dans toute la Suisse avec notre éléphant gonflable, avec onze arrêts au total, une attraction suivie d’une discussion. Cela nous a permis d’entrer en contact avec des personnes et de recueillir leurs besoins et leurs réserves. Ceci en vue de la publication du texte de l’initiative, en août.
Mais une telle initiative ne peut pas être menée à bien seule. C’est pourquoi il était important, cette année encore, d’élargir constamment l’alliance européenne. En 2023, nous poursuivrons les discussions importantes avec de nouveaux membres potentiels de l’alliance afin de faire connaître notre cause au sein de la société civile et de favoriser ainsi de nouvelles synergies. Nous sommes sur la bonne voie.
D’autres acrobaties à fort impact public nous ont permis d’attirer l’attention. Sur la Place fédérale par exemple, nous avons communiqué sur la période glaciaire entre la Suisse et l’UE, et lors de nombreuses interventions lors de débats, nous avons donné une touche rose au débat.
Le temps joue (malheureusement) en notre faveur, car la Commission de politique extérieure du Conseil des États a récemment fait échouer une tentative de loi sur l’Europe, enfonçant ainsi le dernier clou dans le cercueil de la voie parlementaire. Rien n’indique donc qu’une solution sera trouvée au niveau institutionnel dans un avenir prévisible.
Profitons de l’élan et faisons vraiment décoller notre projet de politique européenne en 2023 !
Tu souhaites t’impliquer avec nous ? Participe ! Nous recherchons un·e : Co-responsable de la campagne Europe (20%, engagement bénévole). Inscris-toi sur: [email protected]
Campagne Schengen
Hors de Schengen, point de salut
Un vote important, mais difficile. D’une part, Frontex représente beaucoup de ce qui ne va pas dans la politique migratoire européenne. D’autre part, en cas de NON, une résiliation automatique de l’accord de Schengen était en jeu. Après une discussion intense, nous avons décidé de nous engager pour un OUI très critique.
Contrairement à nos allié·es des partis bourgeois et des associations économiques, nous voulions nous concentrer sur les conséquences d’un NON en matière de politique européenne plutôt que sur des arguments sécuritaires, et nous avons souligné la responsabilité de la Suisse en Europe afin de contribuer à faire avancer la réforme de Frontex. Nous voulions également souligner cette responsabilité dans notre affiche - sous la forme de deux mains, un symbole de coopération. En grande partie par calcul politique, mais certainement aussi parce que nous avons été un peu imprudents, des opposants y ont vu une allusion malsaine aux réfugié·es qui se noient. Un reproche qui nous a particulièrement touché·es, car nous sommes attaché·es à un droit de migration humain et libéral.
Comme toujours dans nos campagnes, nous ne pouvions pas faire l’impasse sur une vérification approfondie des faits. Nous savions dès le début que des vents contraires viendraient de la gauche et avons donc signalé via un blog que les conséquences d’un NON en matière de politique européenne étaient minimisées de manière un peu désinvolte. Dans une deuxième phase de la campagne, nous avons consigné sur un long papier tout ce que nous perdrions sans Schengen. Ce document a ensuite été déchiré à Bâle, près du Dreiländereck (aux frontières entre la Suisse, la France et l‘Allemagne) afin de montrer ce qui se passerait en cas de NON.
Après le résultat très clair du vote, nous n’étions pas d’humeur à faire la fête. Au lieu de cela, nous avons placé nos revendications pour un renouveau de la politique européenne et migratoire dans un spectacle lumineux et réfléchi, et nous avons souligné une fois de plus ce qui nous importait dans cette votation : sortir de Schengen n’est pas une solution et il s’agit maintenant d’assumer nos responsabilités en tant que membre de Schengen.
Citoyenneté
L’égalité des droits plutôt que des privilèges basés sur la filiation
Les personnes qui n’ont pas la nationalité suisse n’ont pratiquement aucun droit politique. Cela concerne environ un quart de la population adulte en Suisse. En raison de conditions parfois vexatoires, de coûts élevés et d’exigences arbitraires, le taux de naturalisation reste faible.
Dans une brochure de votation maison, nous nous sommes risqué·es à donner un aperçu de la folie d’une naturalisation. Retard dû à un changement de lieu ou chicane lors d’une décision de naturalisation en assemblée communale ? C’est indigne de notre démocratie. L’équipe thématique Citoyenneté se bat donc pour une pratique libérale de la naturalisation.
Nous avons demandé par pétition la naturalisation facilitée de la deuxième génération. Ces habitant·es nés·es en Suisse, qui ne se distinguent de leurs concitoyen·nes ayant un passeport suisse que par la couleur de leur passeport, doivent pouvoir se faire naturaliser plus directement et à moindre coût. Plus de 2500 personnes ont soutenu la pétition jusqu’à présent et partagent l’avis que, dans une démocratie, les quatre quarts de la population comptent. As-tu déjà signé la pétition ?
Sur les médias sociaux, nous avons attiré l’attention sur diverses interventions parlementaires allant dans ce sens. Mais, malgré un fort besoin de changement, toutes les propositions échouent en raison des forces conservatrices et nationalistes au Parlement. Il ne reste que la voie de la démocratie directe. C'est pourquoi Opération Libero, qui fait partie de l’alliance Action quatre quarts, commencera probablement au printemps 2023 à récolter des signatures pour l’initiative populaire pour une citoyenneté moderne.
Numérisation
Élaboration assidue de prises de position
Dans l’ombre d’autres campagnes d’Opération Libero, notre thème a certes été calme cette année, mais l’équipe thématique Numérisation a été loin d’être inactive. Concrètement, nous nous sommes occupé·es de différentes consultations pertinentes, comme l’obligation de déclarer les cyberattaques, la révision de la loi sur la surveillance de la correspondance par poste et télécommunication, la nouvelle loi sur le renseignement ainsi que la prochaine tentative de création d’une identité électronique. Nous avons également soutenu une pétition d’Amnesty International contre la reconnaissance faciale automatique et, à la toute fin de l’année, nous avons élaboré un appel à soutenir le référendum contre la nouvelle loi sur la protection de la jeunesse.
Afin que les nouveaux·lles bénévoles et les bénévoles déjà actif·ves puissent accéder plus facilement à notre équipe thématique, nous avons mis en place un appel hebdomadaire accompagné d’ordres du jour déroulants contenant tous les liens et documents importants. Dans le cadre d’une discussion de fond, des lacunes dans la position de principe ont en outre été comblées et le profil d’Opération Libero dans ce domaine thématique a ainsi été affiné.
La révision de notre position de principe ainsi que les thèmes sur lesquels nous nous sommes déjà exprimés dans le cadre des procédures de consultation en 2022 continueront d'occuper l'équipe thématique sur la numérisation au cours de l'année à venir. Nous avons aussi pour objectif de mieux nous mettre en réseau avec d'autres organisations actives dans le domaine de la numérisation. L'année 2023 s'annonce donc passionnante.
Droit pénal en matière sexuelle
A toute vitesse en direction de Seul un Oui est un Oui
Quelle année ! Nous ne nous sommes certainement pas ennuyé·es en 2022, puisqu’il s’agissait aussi de sexe. Ou plus précisément d’un droit pénal moderne en matière sexuelle.
Début juin, nous avons voulu sortir les membres de la Commission juridique du Conseil des États de leur sommeil et attirer leur attention sur les signes du temps. Avec un grand réveil rose, aux côtés de nos amis·es d’Amnesty International et accompagné·es de nombreux·ses parlementaires, nous avons défilé sur la Place fédérale à Berne. Le message a été reçu et de nombreux médias du pays ont répercuté notre réveil.
Malheureusement, une grande partie du Conseil des États a tout de même opté pour la variante NON c’est NON, qui se base uniquement sur une présomption d’accord. Qui a dit quoi au cours du débat ? Nous avons résumé tous les votes et y avons jeté un coup d’œil en rose. Nous ne pouvions pas laisser passer ce qui a été dit en partie ici.
Même si le résultat ne nous a pas réjouis·es, la démotivation n’était définitivement pas une option. Nous avons donc continué à faire de la publicité pour notre appel au réveil. En novembre, plus de 41 000 personnes avaient signé notre pétition. En étiez-vous aussi ? Nous voulions remettre ce grand nombre de signatures comme il se doit deux semaines avant le débat au Conseil national. Avec nous : notre réveil XXL, une Justitia vivante, de nombreux·ses militant·es et Elisabeth Baume-Schneider - entre-temps devenue Conseillère fédérale. Et notre engagement a commencé à porter ses fruits : pour notre plus grande joie, le Conseil national s’est prononcé par 99 voix contre 88 en faveur de la solution Seul un OUI est un OUI !
Mais nous n’étions pas seulement actif·ves à Berne. Lorsque nous n’étions pas en train de brainstormer, de discuter, de planifier et d’organiser des actions lors d’une des nombreuses réunions d’équipe, nous attirions l’attention sur notre thème. Ainsi, nous avons joué sur différentes plateformes de médias sociaux, nous avons été invité·es à des événements régionaux, nous avons apporté notre contribution au bulletin de vote d’Opération Libero et nous avons débattu lors de podiums comme celui de « Discuss it » avec une conseillère nationale et des politicien·nes locaux·les. En cette nouvelle année, le sujet retourne au Conseil des États. Nous continuons à nous investir pleinement pour que la solution OUI, c’est OUI se réalise enfin. Le temps est plus que mûr.
Imposition individuelle
Une personne, une déclaration d’impôt
Qui ne se réjouit pas de recevoir du courrier ? Jusqu’à ce que l’on voie l’expéditrice : l’administration fiscale.
Mais pouvoir ouvrir ce gâcheur de fin de journée est encore loin d’être une évidence en Suisse. Car le système fiscal actuel est basé sur les modes de vie du siècle dernier. Les couples mariés sont aujourd’hui encore imposés ensemble - traditionnellement avec l’homme comme « bailli fiscal » conjugal. Ce n’est pas très progressiste.
C’est pourquoi Opération Libero a participé en 2022 à la récolte de signatures pour l’initiative populaire sur l’imposition individuelle. Une personne, une déclaration d’impôt : nous voulons ancrer ce principe dans la Constitution. Pourquoi ? Lisez-en plus ici.
Hourra d’abord : avec le comité d’initiative, nous avons réussi à déposer 112 679 signatures valables à la Chancellerie fédérale en septembre.
Révolutionner et moderniser enfin le système fiscal archaïque de la Suisse par une initiative ? Ce doit être une partie de plaisir !
Malheureusement, cela n’a pas été aussi plaisant que cela. Sans les innombrables actions de collecte régionales, les guet-apens et les interceptions devant les bureaux de vote les dimanches de votation, la journée de collecte nationale commune du 9 juillet, le Libero Quarterly au local zurichois Karl der Grosse ou le Libero Lunch au Kosmos à Zurich, ce succès n’aurait jamais été possible. Grazie mille à toutes celles et tous ceux qui ont contribué à cette étape.
Une personne, une déclaration d'impôts ! Il est grand temps qu'en Suisse tous les modes de vie soient enfin mis sur un pied d'égalité sur le plan fiscal, et que l'imposition soit dissociée de l'état civil. Tout comme il est naturel de conserver son numéro de téléphone portable après le mariage, il doit être tout aussi naturel de continuer à recevoir sa propre déclaration d’impôts.
En matière d’imposition individuelle, nous n'avons pas encore atteint notre but. Le projet est de nouveau bloqué au Parlement fédéral et un contre-mouvement réactionnaire s'est formé pour bloquer l'égalité fiscale.
Opération Libero restera mobilisée en 2023 pour un système fiscal moderne. Pour que nous puissions, nous l'espérons, célébrer un véritable succès dans le prochain rapport annuel !
Notre mouvement
Opération Libero est une communauté
En 2022, nos activistes ont continué à s’impliquer de différentes manières et dans de nombreuses enceintes, et mieux encore : ils et elles l'ont fait avec succès, comme le montrent les succès de nos campagnes ! Le travail politique est comme les montagnes russes : tantôt on est euphorique, tantôt on est dépassé, tantôt on est agacé par le manque de progrès, tantôt on y consacre pratiquement tout son temps, tantôt on est moins disponible, tantôt on se réjouit d’événements réussis, tantôt on est déçu par le peu d’affluence - toute la gamme de la vie en somme.
Pendant ce temps, les membres passifs et les supporters ont soutenu notre mouvement à leur manière : en légitimant notre démarche lors de l’assemblée générale, en partageant leurs inputs, rendant notre travail possible grâce à leur soutien financier.
Chères et chers Liberas et Liberos, merci pour votre engagement, pour votre soutien. Vous êtes Opération Libero. Et ensemble, nous faisons bouger la Suisse !
Equipes régionales
Les équipes régionales, une déclaration d’amour
Les équipes régionales sont l’ancrage régional et le cœur d’Opération Libero. Elles sont le havre de paix pour nos membres, elles mettent régulièrement sur pied des événements, des débats, des « bootcamps », des visites guidées, des concerts (oui, même ça !), elles renforcent les équipes thématiques lors d’actions dans la rue et sur le web. Cette année, l’Europafant était en tournée dans presque toutes les régions, et même au Tessin. Les équipes régionales impliquent les bénévoles, les orientent et constituent le noyau dur de notre organisation.
Les comités des équipes régionales apparaissent à tous les coins de rue, ils sont souvent actifs dans différentes équipes et différents vaisseaux. Ils viennent à l’assemblée générale et à la fête d’été, aux rencontres et aux retraites Start11, au conseil des membres et aux Community-Calls (ok, pas toujours tous, mais bon). Ils participent à la réflexion, à la création et portent notre mouvement rose. Ces équipes s’occupent de leurs propres affaires ET de nos affaires nationales. Et quand elles manquent à l’appel, cela se fait cruellement sentir !
Le travail politique régional est coûteux. Les équipes Suisse romande et Suisse centrale ont des difficultés à se mettre en place, et l’équipe Suisse centrale s’est même malheureusement dissoute cette année. Mais nous sommes persuadé·es qu’il y aura à nouveau des personnes engagées. Peut-être toi ? La région Nord-Ouest de la Suisse a tout juste réussi à se rattraper et est maintenant sur la bonne voie, l’équipe est motivée par son engagement européen. Le comité de Berne a connu une croissance insoupçonnée et des événements réussis, Zurich a pu fêter des trimestres très réussis, la Suisse orientale est en route de manière stable et fiable. Mais comme toujours, les images sont plus parlantes que les mots !
Merci, chères équipes régionales et chers comités, de porter nos contenus roses jusque dans les coins les plus reculés de Suisse.
Conseil des membres
Conseiller, accompagner, renforcer
Le Conseil des membres se constitue lui-même et se compose de représentant·es des équipes régionales et thématiques et est en premier lieu un organe consultatif. Nous représentons les membres d’Opération Libero et défendons leurs intérêts en faisant le lien entre les membres et le comité national.
Le Conseil des membres accompagne et soutient le développement d’Opération Libero et génère des idées pour renforcer et développer l’organisation. C’est le terrain sur lequel de nouvelles équipes peuvent voir le jour. Lors de nos rencontres, des positions et des campagnes possibles sont discutées et, la plupart du temps, des membres du secrétariat ou du Comité national sont également présents en tant qu’invités avec des inputs thématiques... Inversement, le Conseil des membres apporte des points de vue complémentaires pour la prise de décision du Comité national.
En 2022 également, de nombreuses discussions passionnantes ont eu lieu dans ce cadre. Notamment sur les thèmes et le positionnement d’Opération Libero lors des votations à venir (ou déjà partiellement passées entre-temps) ou sur les élections fédérales à venir.
Équipe du secrétariat
Orientation : toujours en avant
Avec l’annonce de l’initiative Europe et les devoirs de 2021, nous savions ce qui nous attendait en 2022 : mener un travail de campagne éprouvé et, en même temps, faire voler pour la première fois un projet d’initiative. Nous avons pris à cœur la devise de Fifi Brindacier : « Je n’ai jamais essayé ça avant, alors je suis tout à fait sûre de réussir. »
Outre le travail opérationnel de campagne et thématique et l’administration courante de l’association, le bureau 2022 s’est occupé de différents projets. En voici un extrait :
- Nous avons emprunté de nouvelles voies pour les adhésions (mots-clés : présence à l’université et présence dans la boîte aux lettres sous la forme de la brochure explicative Libero).
- Nous avons introduit un nouvel outil de mailing et de campagne. Enfin !
- Nous avons révisé le règlement financier (lisez-le ici) et créé des ressources pour la collecte de fonds institutionnelle. Bienvenue dans l’équipe, Rahel et Anica.
A cette occasion, il y a eu quelques « au revoir », « bonjour » et « je suis de retour » au secrétariat. En mars 2022, Meret a repris la direction de la communauté - et dès le premier mois de son travail, elle a offert des petits canards roses aux membres présents à l’assemblée générale. That's how you roll ! Anna, responsable des médias sociaux, nous a quitté·es au printemps - depuis octobre, Noé est responsable des posts roses. Après que Bettina a terminé son stage chez nous (et travaille maintenant pour une conseillère nationale #evolved), Mia a rejoint l’équipe pour lui succéder. Steffi nous a soutenu·es pendant six mois dans le cadre d’un mandat sur le projet informatique CRM. Et une fois libero, toujours libero, notre ancien stagiaire, Alex, est de retour dans l’équipe : tu ne nous as pas seulement manqué, nous t’avons aussi manqué ! Enfin, et c’est avec trompettes et tambours que nous prenons congé d’Adrian, notre responsable des campagnes depuis de nombreuses années, qui a marqué le travail d’Opération Libero comme personne d’autre. Tu étais là depuis les plus petits débuts, depuis la première heure du bureau !
GRAND MERCI à vous, cher·ères nouveau·lles, connu·es et ancien·nes collègues du bureau.
Résultats financiers et comptes annuels
Nous ne nous laissons pas abattre
En 2022, nous nous sommes lancé·es dans la mise en œuvre de notre modèle de financement élaboré en 2021. Nous voulons pouvoir nous financer de manière durable, grâce à un grand nombre de personnes plutôt que quelques-unes, et par différents moyens plutôt que par des campagnes principalement.
Nous y sommes parvenu·es en 2022 - et nous avons aussi échoué. Nous avons réussi à financer une grande partie de nos coûts structurels associatifs par le biais de nos membres et de nos donateur·rices. Ce que nous n’avons pas réussi à faire, c’est de sortir de la dépendance aux dons de campagnes en cours.
En 2022, nous avons toutefois généré moins de dons par le biais des campagnes que les années précédents. Outre une année politique calme en matière de votations, cela s’explique aussi par le fait que notre mouvement et notre secrétariat ont été occupés par un travail de fond autour de l’initiative européenne. La seule campagne de votation nationale, sur Schengen/Frontex, n’a pas réussi à déclencher un afflux de dons.
Le travail politique est coûteux, même sans dimanche de votation.
Notre mouvement génère en permanence des coûts, des coûts que nous devons couvrir chaque année par des dons. Nous n’avons pas réussi à le faire cette année. Il en résulte un déficit important dans nos comptes annuels.
- Le bilan positif de cette année financière : nous avons cette année un nouveau record d’adhésions à annoncer. Le nombre de donateur·rices à Génération Libero a par ailleurs doublé en 2022. La part des recettes prévisibles et récurrentes augmente. Nous avons poursuivi avec succès la stratégie de diversification de nos recettes pour un modèle de financement durable et l’avons mise en œuvre.
- Le bilan négatif de cet exercice financier : les recettes des campagnes ont été trop faibles. Nous n’avons pas atteint nos objectifs de dons par le biais de campagnes. Nous clôturons en ce sens les comptes 2022 avec une perte qui, si elle se répétait, nous briserait le cou.
Le fait est qu’en tant qu’organisation de campagne, nous continuerons à dépendre des dons de campagne dans un avenir proche. Ils resteront notre principale source de revenus jusqu’à ce que davantage d’adhésions, des dons réguliers et répétés et des recettes sûres provenant de Génération Libero permettent de couvrir une plus grande partie de nos coûts structurels.
Comment cela va-t-il se passer ?
En tant qu’organisation financée par des particuliers, nous sommes chaque année dépendants des dons. Chaque année, nos frais structurels doivent être couverts pour que nous existions. Nous sommes inquiet·es et regardons néanmoins devant nous. Nous avons pris des mesures pour pouvoir présenter un résultat annuel équilibré en 2023 :
- en 2023, nous devons mettre davantage l’accent sur les dons de campagne, orienter davantage notre travail sur les campagnes et les actions de campagne ;
- en automne 2022, nous avons créé des ressources supplémentaires pour la collecte de fonds au sein du secrétariat. Nous nous concentrons sur l’augmentation des dons à notre organisation ;
- un comité financier a été créé au sein du comité directeur, des instruments de contrôle de gestion ont été (re)développés et des indicateurs ont été définis.
Le rapport de révision ainsi que les comptes annuels 2022 complets (en allemand) selon SWISS GAAP FER 21 :
Conclusion de la Coprésidence
2023 : une année pas comme les autres
L’année 2023 marquera la politique suisse. Et, espérons-le, pour le meilleur. Les élections de cet automne seront décisives pour l’avenir de la Suisse. Parviendrons-nous à rendre le Parlement - et donc aussi le Conseil fédéral - plus progressiste, afin de faire triompher nos revendications ? Nous allons nous engager en ce sens ! Nous voulons aussi marquer la politique suisse avec les deux initiatives populaires sur lesquelles nous travaillons intensivement depuis longtemps. Elles devraient être lancées ce printemps encore.
Bien entendu, en 2023, nous resterons à l’affût de tout ce qui doit avancer depuis longtemps. Nous ferons ce qu’un bon libero se doit de faire : des passes sophistiquées vers l’avant ! Et ce, précisément là où les autres ne le font pas. Nous sommes aussi toujours sollicités dans notre rôle initial de derniers défenseurs : en 2023 encore, la démocratie libérale sera attaquée. Par exemple avec l’initiative du Réduit national de l’UDC, qui a pour objectif d’inscrire dans la Constitution une « neutralité » qui tourne le dos au monde. D’autres initiatives illibérales veulent limiter le droit à l’avortement et, après l’interdiction de la burqa, interdire le port du foulard. Et l’immigration sera sans aucun doute à nouveau exploitée de manière populiste.
Nous nous y opposons : avec des propositions précises et des arguments solides. En tant que mouvement politique indépendant, non partisan, inclusif et accessible. Ensemble avec d’autres forces, nous faisons la différence, car nous considérons le changement comme une chance de progrès social. Merci pour votre engagement !
À une année mouvementée,
Deniz, Fabio, Laura, Marie, Renato, Sarah, Stefan, Franziska, Stéphane, Sanija & Stefan
Votre comité directeur
