Rapport annuel 2023

Vous avez le choix. Le slogan de notre campagne d’élection est valable chaque jour. Et actuellement, c’est peut-être encore plus important qu’avant. Partout dans le monde, les forces populistes, ségrégationnistes et antilibérales sont à nouveau - ou plutôt continuent d’être - en plein essor. C’est pourquoi l’année 2024 est également qualifiée de super année électorale, au cours de laquelle de très nombreuses personnes auront le choix. Le choix entre aller de l’avant et revenir en arrière, entre l’ouverture et l’isolement, le populisme et la démocratie.

Notre engagement en faveur d’une société ouverte et progressiste, libérale et juste, au sein de laquelle chaque personne peut se développer librement et est égale en dignité et en droits, est plus important que jamais. Pour cela, nous avons également rendu la Suisse un peu plus rose l’année dernière. Nous avons contré avec succès la campagne de désinformation contre la loi sur la protection du climat. Nous avons pris position contre le démantèlement de la diversité médiatique, contre Ecopop 2.0 et contre l’initiative du Réduit. Ensemble, nous nous opposerons de toutes nos forces à ces attaques contre les libertés acquises.

Mais nous ne nous contentons pas de nous défendre, nous continuons à construire la démocratie libérale. Ainsi, avec une large alliance, nous avons déjà récolté plus de la moitié des 100 000 signatures nécessaires pour l’initiative pour la démocratie. Pour que notre démocratie modèle préférée devienne enfin une démocratie des quatre quarts. Et nous faisons également avancer avec persévérance notre projet peut-être le plus important. Ainsi, après des années de préparation et l’élargissement constant de l’alliance, nous y sommes enfin : nous lançons l’Initiative Europe. Nous faisons enfin de l’Europe un sujet dans notre Constitution. En même temps, cette initiative doit renforcer le Conseil fédéral sur le chemin d’une solution en matière de politique européenne.

Ainsi, pour notre dixième année, nous restons fidèles à « libero » : nous défendons l’arrière et faisons des passes décisives vers l’avant. En tant que mouvement politique, nous ne pouvons le faire que grâce à vous. Merci de voter « pink » à chaque fois. Ensemble, nous faisons la différence : en Suisse, en Europe et dans le monde entier - contre les Poutine, Orbán, Trump, Xi Jinping et Modi. À la démocratie !

Salutations roses et bonne lecture
Sanija et Stefan

L’année 2023 nous a demandé de faire preuve d’intelligence et de mener de durs combats : démocratie, Europe, climat, migration, élections, vieilles revendications radicales vêtues de nouveaux habits d’initiative, diversité des médias, neutralité, menaces d’amendes, premières mondiales, anniversaires constitutionnels, discours autocratiques, crises du libéralisme, et autres.

Le 18 juin 2023, la loi climat a été adoptée par 59,1 % des voix. C’est un oui pour l’avenir. La Suisse a entrepris de remplir l’objectif zéro émission pour 2050 et d’apporter sa contribution à l’effort mondial visant à limiter le changement climatique. Nous sommes fier·ères d’avoir contribué à ce oui massif grâce à notre campagne.

La campagne de votation a été marquée par une campagne de peur et une désinformation massive de la part des opposant·es. Nous nous sommes opposé·es à cette campagne et avons facilement démonté la désinformation à l’aide de faits scientifiques. Mais nous ne nous sommes pas contentés de riposter, nous avons aussi donné une image positive d’un avenir climatiquement neutre : nos « Renewable Power Rangers » ont incarné le passage aux énergies renouvelables et ont expliqué fraîchement dans quelle direction la Suisse doit se diriger d’ici 2050.

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Dans le cadre de la campagne de votation, nous nous sommes aventuré·es dans les embouteillages du Gothard et avons filé en TGV pour attirer l’attention sur les chances du tournant énergétique. Nous avons tapissé d’affiches les bastions du camp du non. Nous avons mené une réflexion approfondie sur la rénovation des bâtiments et tiré au sort des panneaux solaires. Nous avons interpellé les forces libérales qui s’engagent pour une Suisse tournée vers l’avenir en publiant une annonce dans la NZZ et avons contribué à ce que les électeur·trices du PLR aient voté finalement majoritairement oui.

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La loi climat est un jalon sur la voie d’un avenir climatiquement neutre. Mais les bloqueur·euses tentent déjà à nouveau de saboter la transition énergétique. Ils et elles continueront à investir largement dans la désinformation et à attiser la peur. Nous devons donc rester vigilant·es.

Bien que l’UDC s’attaque de manière plus radicale que jamais aux libertés acquis, les sondages lui prédisaient une victoire électorale. Alarmé·es par ce résultat, nous avons lancé une campagne d’affichage afin d’inciter le plus grand nombre possible de progressistes à aller voter.

Racisme ou diversité,  isolement ou ouverture, sexisme ou égalité, queer-haine ou tolérance, populisme ou démocratie s’imposeront-ils ? Ces mots-clés, contradictions flagrantes entre la politique de l’UDC et nos valeurs progressistes, figuraient sur nos affiches noires et blanches. Le texte était très simple : « Vous avez le choix. » Grâce à la générosité de notre communauté, nous avons pu montrer nos affiches dans toutes les grandes villes de Suisse et toucher ainsi un grand nombre de personnes.

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Nous avons dénoncé la campagne électorale la plus raciste jamais menée par l’UDC, nous avons soumis sa désinformation à un « bullshit check » souvent cliqué et nous avons mis en garde contre ses accointances avec l’extrême-droite. Nous avons opposé nos valeurs progressistes et avons également impliqué nos soutiens : grâce à notre afficheur - programmé sur mesure par notre bénévole Fegi - chacun·e a pu jouer ses propres paires de mots dans notre design d’affiche et les partager avec son entourage. Les meilleures affiches de la communauté ont été diffusées à la gare de Berne.

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Le dimanche des élections, nous avons parcouru Berne avec une camionnette portant l’appel suivant : « Le résultat des élections ne doit pas normaliser la haine & le racisme de l’UDC ». Dans une interview accordée à « 20 minutes », Sanija a demandé que les forces libérales-progressistes s’unissent pour former une coalition forte en faveur d’une Suisse ouverte et progressiste.

« The Guardian » a cité notre estimation selon laquelle une telle coalition est possible malgré la victoire électorale de l’UDC, notamment en cessant de se faire mousser auprès des partis bourgeois. Pour nous, en tant que mouvement qui combat le populisme de droite avec des valeurs progressistes, c’est « maintenant plus que jamais ! »

C'est parce que nous voulions encore une fois mettre toutes les chances de notre côté pour faire grandir l’Alliance Europe que nous avons repoussé le lancement de l’Initiative Europe au printemps 2024. Car ce n’est qu’avec une alliance puissante que nous pourrons faire avancer ce dossier, le plus difficile de tous les dossiers de la politique suisse. La stratégie a porté ses fruits : onze organisations soutiennent déjà l’Initiative Europe.

Dernièrement, le Mouvement européen Suisse, un acteur-clé de la politique européenne, nous a rejoint·tes. Les nombreuses discussions avec les parties prenantes qui ont eu lieu tout au long de l’année passée ont porté leurs fruits. L’une des raisons de cette croissance est un nouveau texte d’initiative plus élégant, avec lequel nous partirons très bientôt à la chasse aux signatures.

Parallèlement à ce travail d’initiative préparatoire, nous avons continué à suivre l’actualité politique européenne. En janvier, nous avons reproché au Conseil des États d’avoir rejeté la loi sur l’Europe. Et nous avons qualifié d’idée plutôt stupide le fait que ce même Conseil ait demandé au Conseil fédéral d’élaborer une cinquième voie – le maintien du statu quo - dans son rapport de situation. Ce statu quo qui est précisément une impasse.

Lors de la Journée de l’Europe du 9 mai, nous nous sommes rendu·es avec l’Alliance Europe et notre éléphant sur la Paradeplatz de Zurich pour parler aux gens de l’éléphant dans la pièce, soit du blocage de la politique européenne de la Suisse. Nous nous sommes battu·es lors de nombreux podiums, par exemple à l’Université de Zurich avec Markus Somm.

Lorsque le Conseil fédéral a approuvé en décembre le projet de mandat de négociation avec l’Union européenne, nous avons montré que l’initiative pour l’Europe était d’autant plus nécessaire maintenant. Car si l’ouverture de négociations est un premier pas important, le point le plus délicat sur la voie d’une solution à long terme reste à venir. Pour dépasser ce point, il faut que notre initiative ait le vent en poupe. De plus, la question de notre relation avec l’Europe est si importante qu’elle devrait de toute façon figurer dans la Constitution.

Le lancement de notre première initiative propre se rapproche de plus en plus. Nous avons de grands projets avec l'Initiative Europe. Qu’il s’agisse d’un soutien idéel, financier ou autre : nous avons besoin de chaque main pour nous attaquer ensemble à la politique européenne.

Nous y sommes enfin : depuis mai 2023, la phase de récolte pour l’initiative pour la démocratie est en cours. L’initiative populaire fédérale « Pour un droit de la nationalité moderne (initiative pour la démocratie) » demande un droit à la naturalisation pour toutes les personnes qui vivent durablement en Suisse. Elle exige des critères modernes, objectifs et définitifs pour la naturalisation. 

Depuis la création d’Opération Libero, nous nous engageons pour une citoyenneté moderne. C’est pourquoi nous sommes fier·ères d’avoir élaboré cette initiative en collaboration avec le collectif de la société civile « Action Quatre Quarts » et de contribuer à la campagne avec notre coprésidence en tant que premier·ères signataires.

Lors du coup d’envoi, nous avons forgé ensemble des plans pour les actions, les contenus et la collecte de signatures. Nous nous sommes définitivement préparé·es  à la phase de récolte en organisant des ateliers sur sa réussite. Depuis, nous remplissons assidûment nos feuilles de signatures. Dans un chat WhatsApp ouvert, nous informons sur les nouveautés et les actions de récolte (rejoignez aussi le chat, nous vous attendons tou·tes !).

Le point fort de la récolte jusqu’à présent : un marathon de vingt-quatre heures en août. La procédure de naturalisation actuelle est un parcours du combattant, nous en avons fait un marathon pour la démocratie. En 2023, nous avons récolté plus de 2500 signatures pour l’initiative pour la démocratie. Nous devrions atteindre notre objectif minimum de 5000 signatures d’ici fin novembre 2024 - mais nous aspirons à plus.

En Suisse, actuellement une personne sur quatre n’a pas le droit de participer aux décisions politiques. La démocratie suisse, souvent encensée, n’est donc pas encore tout à fait complète, mais elle pourra l’être grâce à l’initiative pour la démocratie et à votre soutien.

Cinq ans après le « Non » clair et net à l’initiative No Billag, les mêmes cercles populistes de droite libérale sonnent à nouveau la charge contre la diversité des médias. Le 10 août 2023, ils ont déposé l’initiative dite SSR ou Initiative pour réduction de moitié, qui veut réduire radicalement la redevance SSR de 335 à 200 francs.

Nous avons immédiatement pris position contre cette nouvelle attaque envers les médias, et donc contre la démocratie. Car la tactique de la mort lente est perfide : il faut marteler le service public médiatique jusqu’à ce qu’il s’effondre faute de pouvoir remplir sa mission constitutionnelle. C'est ce qu’on appelle économiser à mort. Cette initiative No Billag 2.0 poursuit le même objectif, mais emballé différemment.

Pour une campagne percutante, nous cherchons maintenant au moins autant de personnes qu’en 2018 pour monter sur le ring avec nous en faveur d’un paysage médiatique fort. L’appel porte déjà ses fruits : plus de 1000 personnes nous ont déjà donné leur voix pour des médias forts et nous avons pu récolter près de 50 000 francs pour notre campagne. A l’interne, nous avons créé une équipe centrale qui planifie les prochaines étapes de la campagne. Notre effort est demandé : selon un premier sondage, l’initiative No Billag 2.0 serait actuellement acceptée. Nous ne le laisserons pas faire.

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En novembre, le Conseil fédéral a fait savoir qu’il rejetait l’initiative. Pourtant, dans la révision partielle prévue de l’Ordonnance sur la radio et la télévision (ORTV), il propose d’abaisser la redevance SSR à 300 francs, d’exonérer davantage d’entreprises de l’obligation de payer la redevance et de renoncer à la compensation du renchérissement. Il alimente ainsi les arguments de l’initiative au lieu de se ranger sans réserve derrière un service public fort. C'est un mauvais signe : c’est précisément à l’heure actuelle, en période de polarisation et de « fake news », que nous ne devons pas affaiblir davantage les médias. Nous l’avons clairement fait savoir au Conseil fédéral dans notre réponse à la consultation sur l’ORTV.

En juillet 2023, l’UDC a lancé sa soi-disant  « Initiative pour le développement durable », qui sert une fois de plus de prétexte pour faire monter la température contre les étranger·ères et stopper l’immigration. En réponse, nous nous sommes souvenu·es de nos tactiques éprouvées et avons appelé l’initiative Ecopop 2.0.

En 2014 déjà, l’initiative Ecopop tentait de stopper l’immigration au nom de l’environnement et du développement durable. Lors de la première campagne de votation de l’histoire d’Opération Libero, nous avions alors distribué des milliers de préservatifs. Nous avons repris cette idée. Nous avons distribué des préservatifs avant le grand lancement électoral de l’UDC au stade ZSC. Nous attirons l’attention sur le fait que l’initiative de l’UDC vise à contrôler le nombre d’habitant·es et demandons à tou·tes de défendre la Suisse ouverte et ses acquis. Il faut prévenir le désastre.

L’enjeu est de taille. Outre un accès plus restrictif au domaine de l’asile, l’initiative Ecopop 2.0 signifierait la fin de la libre circulation des personnes, ce qui mettrait en danger notre liberté de vivre, d’aimer et de travailler en Europe. Nous voulons protéger cette liberté et nous nous opposons à la xénophobie de l’UDC. Nous avons été la première organisation à nous positionner contre l’initiative Ecopop 2.0. Nous participons ainsi à la définition de la manière dont cette initiative sera relatée, ce qui nous sera certainement utile dans les années à venir.

En février 2024, l’UDC a annoncé avoir récolté les signatures nécessaires en un temps record. C'est un signal d’alarme pour la société civile, pour nous et pour vous.

L’Initiative sur le Réduit de Blocher (alias Initiative pour la neutralité), pour laquelle les nationalistes-conservateurs de l’UDC et de Pro Suisse récoltent encore actuellement des signatures, et a également été un sujet de discussion cette année. L’initiative veut ancrer dans l’article 54 de notre Constitution fédérale - donc au même endroit où nous voulons aussi aller avec l’Initiative Europe - une conception de la « neutralité » qui tourne le dos au monde.

Wir sagen es auch gerne noch einmal: pic.twitter.com/PdT5j1Y90K

— Operation Libero (@operationlibero) June 9, 2023

En juin, Sanija a participé à une table ronde sur l’Initiative sur le Réduit dans la cuisine du diable, lors de l’assemblée générale de Pro Suisse. Son intervention a fait des vagues. Car c’en était trop que quelqu’un parle clairement et désigne Köppel, la Weltwoche et l’UDC pour ce qu’ils·elles sont, à savoir des suppôts consentants de Poutine, la 5e colonne, et ce précisément lors de l’assemblée annuelle de Pro Suisse, dans une caserne, qui plus est en portant la veste militaire d’un fils de réfugié de guerre des Balkans. La Weltwoche a voulu nous coller une amende pour l’apparition de Sanija en veste militaire. Mais nous ne nous sommes pas laissé faire : en l’espace de 24 heures, des centaines de Liberas et de Liberos se sont montrés prê·tes à co-garantir l’amende dont on les menaçait.

Dans une tribune libre publiée dans le Blick à l’occasion du 1er Août, nous écrivions que la neutralité n’a jamais été conçue pour le cas d’une attaque (de Poutine) contre l’existence de la Suisse : le droit international, les États souverains, la démocratie libérale. Cette neutralité n’a jamais existé. Elle est un mythe qui ne nous rend pas courageux·ses mais lâches. Dans un article invité sur notre blog, le professeur d’histoire Werner Meyer, alias le « destructeur de mythes », a montré à quel point il est préoccupant d’utiliser des mythes historiquement réfutés comme directives politiques, comme dans le cas de la neutralité.

Gastbeitrag von Sanija Ameti (@operationlibero) zur Schweizer Neutralität: «Dieser Mythos macht nicht frei, sondern feige».https://t.co/XAhCAOgv1D@cybersandwich
(Kritik willkommen - Hater/Pöbler werden blockiert)

— Viktor Giacobbo (@viktorgiacobbo) July 31, 2023

La neutralité a également été un thème important lors de notre AG nationale en mars : un groupe illustre d’expert·es a discuté de l’importance de la neutralité suisse. Une chose est sûre : la lutte contre les nombreux mythes sur la neutralité sera un travail de persuasion politique difficile. Nous restons à l’écoute.

En juin 2023, le droit pénal en matière sexuelle a enfin reçu sa révision attendue, qui entrera en vigueur en juillet 2024. Pendant deux ans, nous nous étions engagé·es en faveur de la solution « Seul un oui est un oui », car elle est la seule à respecter le droit à l’autodétermination sexuelle. Nous avons été soutenu·es par plus de 40 000 personnes qui ont signé une pétition commune avec Amnesty.

Par rapport à la révision précédente, il y a beaucoup de points positifs à retenir : par exemple, la définition non sexiste attendue depuis longtemps et la suppression de l’élément de contrainte dans le cas du viol. Nous ne pouvions pas vraiment nous en réjouir. Alors que six mois auparavant, le Conseil national s’était prononcé en faveur de la solution « Seul un oui est un oui », il a finalement accepté un marchandage en faveur de « Non, c’est non ». La démarche reste insuffisante pour obtenir un changement de mentalité institutionnel.

La loi se concentre toujours sur les actes des personnes concernées plutôt que sur ceux des auteur·trices. À la suite de la décision du Parlement, nous demandons plus de sensibilisation à la consommation sexuelle, une offensive de formation dans les autorités judiciaires et de sécurité ainsi que plus de recherche et une meilleure collecte de données sur la violence sexualisée en Suisse.

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Le 12 septembre 2023, la Constitution suisse a fêté ses 175 ans. Un anniversaire spécial pour la Suisse et pour nous, patriotes constitutionnels d’Opération Libero : neuf ans plus tôt, nous sommes apparu·es pour la première fois en public en tant que mouvement avec le manifeste « Nous, enfants de 1848 ». A l’occasion de cet anniversaire, nous avons invité à s’exprimer, en collaboration avec l’ambassade des Etats-Unis et le Musée national et dans le cadre des « History Talks », le journaliste américain Anchor Richard Lui (« MSNBC and NBC News », ex-CNN) et le journaliste de la NZZ Alan Cassidy.

Mais nous n’avons pas vraiment envie de faire la fête, car cette Suisse moderne et progressiste vacille. Le populisme de droite s’attaque aux principaux acquis de notre démocratie libérale, de manière toujours plus radicale et bruyante. C’est pourquoi, au lendemain du jubilé, nous avons tenté une expérience de pensée (Constitution de l'UDC) en nous demandant à quoi ressemblerait la Constitution fédérale si nous, en tant qu’UDC, la faisions réécrire.

Le 22 novembre, l’autocrate hongrois Viktor Orbán a été invité par des « bourgeoi·ses » autoproclamé·es dans le plus bel hôtel de la ville de Zurich pour y prononcer un discours. Ils·elles se sont réuni·es pour applaudir le cocktail empoisonné de l’autocrate hongrois contre la démocratie. Car Köppel, Maurer, Blocher, Amaudruz, Martullo-Blocher et consort·es veulent rendre les recettes d’Orbán acceptables ici aussi.

Notre réponse à cela ? Un contre-discours pour la démocratie. Nous avons mis en lumière les dangers du populisme de droite, montré les méfaits d’Orbán et décrit comment un projet populiste de droite en Suisse s’oppose à notre vision d’une société ouverte et progressiste, libérale et juste. Le mot d’ordre était d’être #plusfortqueOrbán, et nous l’avons fait ! Tout le monde a pu signer le contre-discours et faire un don pour des affiches partout à Zurich et autour de l’hôtel Dolder. Nous avons également partagé le discours en vidéo sur les médias sociaux. Les affiches sont encore placardées à certains endroits de Zurich. Notre contre-discours est toujours #plusfortqueOrbán.

En 2019, le réalisateur Dennis Stauffer nous a étroitement accompagné dans le cadre de notre campagne pour le changement lors des élections parlementaires nationales de cette année-là. Il en résulte le film documentaire « Theory of Change », présenté pour la première fois en 2023 aux Journées de Soleure. Un film qui offre des aperçus instructifs, drôles, sérieux et toujours honnêtes d’une entreprise ambitieuse et de notre travail. La SRF (pendant alémanique de la RTS) a écrit à ce sujet : « Dans l’ensemble, le film est à l’image de ses protagonistes : assidu, minutieux, infatigable. »

En automne, nous avons organisé des projections de films à Berne, Zurich et Saint-Gall en collaboration avec la société de production Recycled TV. A Berne et à Zurich, Dennis Stauffer (réalisateur) et Silvan Gisler (comité directeur d’Opération Libero) ont ensuite discuté avec des invité·es à propos des élections, de la campagne électorale et des dynamiques de campagne, des événements animés et organisés par des équipes régionales.

Une nouvelle année Libero turbulente est derrière nous. Des cascades, des événements, des blogs, des journées de collecte, des discours, des appels, des posts, des publipostages - oui, l’ensemble de ce qui fait partie d’une campagne -, le tout géré par notre communauté unique. De l’assemblée générale à laquelle nous avons participé activement à la campagne sur le climat, en passant par la fête de l’été, les apéros des membres et le Campaign Summit, jusqu’à la campagne électorale et les différentes actions intermédiaires : ensemble, nous avons fait bouger la situation l’année dernière. Les équipes sont en constante évolution, ce qui témoigne d’une organisation vivante, tout à fait dans l’esprit de la devise : si quelque chose ne fonctionne pas, fais autre chose. Si cela fonctionne, fais-en plus. Et nous en ferons encore plus ensemble en 2024, l’année de nos dix ans.

L'un des grands moments de l’année 2023 a été le Campaign Summit à Berne, lors duquel Liberas et Liberos ont puisé ensemble dans la boîte à outils des campagnes. Au cours de 15 sessions, nous avons partagé nos connaissances internes, fait appel à des connaissances externes et mis notre cerveau à contribution dans nos projets. De l’aperçu des profondeurs de la communication politique au travail communautaire et aux méthodes d’innovation, en passant par les pics d’une campagne et l’utilisation des médias sociaux, tout y était. La convivialité et les échanges n’ont bien sûr pas été oubliés. Un programme parfait pour un week-end pluvieux du mois d’août.

Am Wochenende haben wir uns an unserem Campaign Summit auf kommende Kampagnen vorbereitet, gepostittet und geflipchartet, fein gegessen, gespielt und getrunken und Ideen entwickelt, kurz: Community gelebt.

🫶 Danke an alle! 🫶

Werde auch du aktiv: https://t.co/tDjsgF4kPC pic.twitter.com/qw1tM1CO5t

— Operation Libero (@operationlibero) August 31, 2023

Tout comme nous pouvons compter sur nos membres actifs au plus profond de nous-mêmes, nous pouvons aussi compter sur nos supporter·trices. Sans leur soutien, leurs encouragements, leur adhésion, rien ne serait possible. Merci à nos abonné·es à la newsletter, à nos follower·es, à nos multiplicateur·trices, à nos donateur·trices, à nos membres et bien sûr à notre génération Libero !

Cher·ères liberos et Liberas, merci beaucoup pour votre engagement, pour votre soutien. Votre engagement est une source d’inspiration. La manière dont vous brûlez pour vos thèmes est une motivation quotidienne. Nous sommes l’Opération Libero. Et ensemble, nous faisons bouger la Suisse depuis dix ans.

Les équipes régionales sont à la fois le cœur et le prolongement de notre mouvement. Elles sont irremplaçables pour notre mouvement national. Elles portent nos campagnes dans leur région et traitent également leurs propres thèmes. C’est le cas par exemple cette année de l’équipe de la Suisse du Nord-Ouest avec les deux initiatives bâloises « Zämme in Europa » ou de l’équipe de Zurich avec la campagne contre l’initiative dite « anti-chaos » de l’UDC, qui a été soumise au vote en mars 2024.

Cette année encore, nos équipes régionales ont organisé des événements et des « Bootcamps variés ». Avec l’équipe de Berne, il y a eu entre autres une table ronde sur la guerre en Ukraine ou un « pubquiz  » sur le vin chaud, tandis que la Suisse orientale s’est rendue à l’OLMA, comme le veut la tradition. Outre un « bootcamp » sur la collecte de signatures, la Suisse du Nord-Ouest a organisé un podium bien fréquenté sur les élections au Conseil d’État et, à Zurich, une visite guidée du Musée national à l’occasion de l’AG et une « Late Night Session  » sur l’Europe faisaient partie du programme annuel. Presque toutes les régions étaient en outre dans la rue pour l’Initiative pour la démocratie (et en train de préparer activement la campagne électorale). Enfin, le film « Theory of Change », consacré à la campagne électorale pour le changement en 2019, a fait halte dans plusieurs régions, notamment à Berne et à Zurich, où il a donné lieu à des débats publics passionnants.

Le travail politique régional demande beaucoup d’efforts. Alors que Berne, Zurich, la Suisse orientale et la Suisse du Nord-Ouest ont pu mettre la main à la pâte, l’équipe nouvellement formée de Suisse centrale prend lentement son envol. Après six mois d’activité, l’équipe Suisse romande a malheureusement dû faire face à quelques départs. Mais nous sommes persuadé·es qu’il y aura à nouveau des personnes engagées. Peut-être vous ? Annoncez-vous ici. 

Un grand MERCI à nos super-liberas et super-liberos qui portent notre engagement à plein régime dans les régions !

Ces moments forts te donneront le meilleur aperçu de l’année des équipes :

Le Conseil des membres se constitue lui-même et se compose de représentant·es des équipes régionales et thématiques et est en premier lieu un organe consultatif. Nous représentons les membres d’Opération Libero et défendons leurs intérêts en faisant le lien entre les membres et le comité national.

Le Conseil des membres accompagne et soutient le développement d’Opération Libero et génère des idées pour renforcer et développer l’organisation. C’est le terrain sur lequel de nouvelles équipes peuvent voir le jour. Lors de nos rencontres, des positions et des campagnes possibles sont discutées et, la plupart du temps, des membres du secrétariat ou du Comité national sont également présents en tant qu’invités avec des inputs thématiques... Inversement, le Conseil des membres apporte des points de vue complémentaires pour la prise de décision du Comité national.

En 2023 également, diverses discussions ont eu lieu dans ce cadre, notamment sur des thèmes et sur le positionnement d’Opération Libero lors de votations à venir. Les points forts ont certainement été les discussions sur la Loi sur le climat, la neutralité, l’initiative sur la protection des données et l’initiative dite de souveraineté.

2023 a été une année difficile pour le secrétariat. Une année avec beaucoup de travail ad hoc, parce que nous sommes intervenu·es plus souvent que d’habitude à court terme et parce que nous avons dû pallier des absences prolongées du personnel. Simon était en congé parental jusqu’au milieu de l’année, j’ai eu un enfant au printemps et je suis partie en congé-maternité pendant l’été. Une équipe plus petite, des objectifs tout aussi importants. Et nous l'avons fait ! Le Secrétariat n’a pas brûlé et oui, cette équipe formidable a réussi à traverser les mois difficiles. En 2023, nous avons également mis en œuvre de superbes actions et, en tant que mouvement, nous avons laissé nos traces roses dans la politique suisse.

Outre le travail de campagne et thématique déjà présenté, le secrétariat 2023 s’est également occupé d’importants projets internes. Ainsi, il a organisé pour la première fois en 2023 un nouveau camp de campagne avec de superbes orateur·trices. Il a créé un nouveau moyen de faire des dons, les « faiseur·euses de possibilités » afin d’offrir une possibilité de soutien récurrent aux personnes qui font régulièrement des dons mais ne souhaitent pas devenir membre. L’année dernière, nous avons également peaufiné notre nouvel outil de gestion de la relation client et de publipostage ActiveCampaign.

En 2023, l’équipe du secrétariat a de nouveau changé : Artan, responsable des campagnes, arbore depuis avril ses baskets blanches et sa casquette noire dans son bureau rose. « Great to have you on board, Kolläg ». Mia a terminé son stage chez nous. Malheureusement, en été, pour des raisons financières, nous avons dû dire au revoir à Noé et Alex. Ce n’est pas seulement votre parler bâlois qui nous manque, mais tout simplement vous !

UN GRAND MERCI à vous, cher·ères collègues du secrétariat. Merci beaucoup pour votre travail.

En 2023, nous avons demandé le soutien régulier de plus de membres et donateur·trices et cherché à obtenir plus de dons pour nos campagnes. Et avons eu du succès (#successbell) :

• Nous avons pu générer plus d’un demi-million de dons en 2023, soit plus du double de 2022. Pas une seule fondation donatrice pour nous soutenir, tous des particuliers et principalement des petits donateur·trices.
• Le nombre de membres est resté pratiquement le même, mais le total des adhésions payantes est plus élevé en 2023 qu’en 2022. 
• Nous avons pu gagner neuf nouveau·elles donateur·trices pour Génération Libero.
• Depuis 2023, il est possible de soutenir régulièrement l’association en tant que faiseur·seuses de possibilités. Ce format vise à attirer les personnes qui nous soutiennent régulièrement mais qui ne souhaitent pas devenir membre. Trente-deux personnes sont devenues des « faiseur·seuses de possibilités » en 2023.
• Cette année encore, nous avons pu augmenter la part de nos frais de structure supportée par les membres et les donateur·trices. Cela nous donne de la sécurité.

Mais ne mettons pas la tête dans le sable, nous avons dû mordre.

Notre mouvement génère des coûts en permanence. Des frais que nous devons couvrir chaque année par des dons. Nous avons eu un printemps difficile et un été incertain. Le capital de l’association était faible et notre compte postal couvrait à peine deux mois de salaire. Notre travail coûte cher, même lorsqu’il n’y a pas de votations. Nous avons dû supprimer des pourcentages de postes et dire au revoir à des membres appréciés du secrétariat. Une campagne électorale très réussie nous a donné de l’air pendant l’automne et nous a permis de nous stabiliser à nouveau.

Nous ne lâchons pas prise

En tant qu’organisation financée par des dons, nous en sommes chaque année à nouveau tributaires. Chaque année, nos frais de structure doivent être couverts pour que nous existions. Nous nous battons politiquement, nous nous battons financièrement. Mais nous ne mettons pas la tête dans le sable, nous ne faisons pas le poing dans la poche, nous ne lâchons pas prise.

Résultats financiers 2023

• Nous avons obtenu des dons à hauteur de 520 954 francs.
• Sur ce montant, 245 282 francs sont liés et directement versés à nos campagnes (climat, Europe, élections et autres) et 275 672 francs non liés ont été versés au mouvement.
• 1205 membres ont payé 107 739 francs de cotisations.
• 43 donateur·trices ont versé 44 150 francs de cotisations de donateur·trices.
• Sur ces recettes nous avons dû prélever 9178 francs de taxes.
• Avec 462 646 francs nous avons pu payer entre-temps le travail de neuf personnes. Depuis l’été 2023, six personnes travaillent au secrétariat (480 % au total).

• Le don moyen était de 102 francs, la médiane de 60 francs.
• Le don le plus fréquent a été de 100 francs.
• 161 dons étaient de 500 francs ou plus, soit 2.5 % des dons.
• 2 personnes ont fait des dons de plus de 10 000 francs.
• Le don le plus élevé s’est élevé à 14 900 francs et a été versé à notre mouvement sans être lié.

Le rapport de révision ainsi que les comptes annuels 2023 complets selon SWISS GAAP RPC 21 :

Ce n'est pas une conclusion. Ce ne peut pas vraiment en être une, car la conclusion de ce rapport annuel marque le début de notre dixième anniversaire. Lors de la création d’Opération Libero, nous ne pensions probablement pas nous-mêmes en arriver là. Et pourtant, nous y sommes. Et nous allons fêter notre anniversaire comme il se doit.

Pendant dix ans, nous avons été mis à l’épreuve. Nous avons défendu, combattu, parfois perdu et souvent gagné. Le monde a changé de manière si radicale au cours de ces années que l’on parle d’un changement d’époque. Qu’est-ce que cela signifie pour la démocratie libérale ? Les résultats des élections nationales de 2023 ne sont guère prometteurs. Et 2023 n’était probablement qu’un avant-goût de ce qui pourrait nous attendre en 2024.

En 2024, toute l’Europe votera et les populistes de droite auront le vent en poupe. En Suisse aussi : il·elles applaudissent Orbán au Dolder. Et continuent de combattre les acquis de la liberté du projet de paix européen. Et travaillent à plusieurs nouvelles versions de l’initiative contre l’immigration de masse, afin de dénoncer la libre circulation des personnes et de rendre l’accès au domaine de l’asile encore plus restrictif. Il·elles s’attaquent à la diversité des médias et veulent inscrire dans notre Constitution une conception de la « neutralité » qui tourne le dos au monde. Il y a de nombreuses attaques à repousser.

Mais il ne suffit plus de se contenter de repousser les attaques populistes de droite. Pour réussir à protéger et à développer notre démocratie libérale, nous devons déplacer le discours et nous opposer de manière proactive à la normalisation des positions populistes et d’extrême droite au centre de l’échiquier politique. Nous ne pouvons le faire qu’en définissant nous-mêmes l’agenda politique. La Suisse a besoin de projets d’avenir. Et c’est ainsi qu’après l’Initiative pour la démocratie, nous lançons une autre initiative : l’Initiative Europe.

Nous voulons ainsi poser la première pierre d’une Suisse forte en Europe - ce que les populistes de droite veulent empêcher depuis toujours. Nous avons donc de grands projets ! La nouvelle année de l’association est placée sous le signe de la politique européenne - le dossier structurellement le plus important de ce pays. Nous sommes prêt·es pour ce qui est probablement notre plus grand projet de tous les temps : avec encore plus de membres, encore plus d’expérience, encore plus d’engagement - et avec vous !